Interview d’Alexandra BOUIGUE, Secrétaire Générale de la CLE

La Clé pour qui ? Pourquoi ?

Acronyme de Collectif de Lieux Evénementiels, la CLÉ a été pensée comme une solution permettant de casser l’isolement des gérants de lieux événementiels et de diffuser l’information concernant le secteur de manière plus efficace. Se fédérer, échanger et adopter un discours commun auprès des acteurs du secteur notamment les clients tels sont les objectifs de notre collectif peu connu du grand public aussi.

La pandémie a accéléré la concrétisation de cette envie avec l’officialisation de notre organisation en octobre 2020 au sortir de la première vague ?

C’est un projet de longue date qui trottait dans les têtes de Denis Remon et Denis Guignard.

La Clé, aujourd’hui c’est 77 gestionnaires, comptabilisant 230 lieux événementiels & séminaires.

Quelle difficulté spécifique la crise a révélé au sein de votre collectif ?

C’est un marché très atomisé qui compte beaucoup d’indépendants malgré les apparences.

« Unique et Unis », ça pourrait être notre slogan car chaque lieu possède son histoire et une personnalité forte. En revanche, tous ont été confrontés aux mêmes problématiques durant la crise : gérer les problèmes de recrutement, procéder au règlement des charges fixes notamment les loyers avec des négociations parfois compliquées à gérer avec les bailleurs privés et trouver de vraies solutions face à cette nouvelle réalité économique pour nos métiers.

En parlant de solutions, beaucoup de lieux se sont transformés en studios digitaux souvent en partenariat avec des prestataires techniques.  D’ailleurs, 65%* des lieux ont monté un studio TV & ne le pérenniseront pas. Le côté positif ? 84%* des demandes sont aujourd’hui pour du présentiel avec une majorité (72% des demandes) à court terme – 6 mois 

Fin 2021, vous avez lancé une campagne en 5 volets à contre-courant de l’affolement ambiant autour de la 5ème vague. Quel était l’objectif principal ? 

Notre finalité était claire : mettre un peu d’ordre dans la confusion pour 

1) rassurer les clients sur la possibilité de maintenir les événements de fin d’année malgré les contradictions liées aux communications officielles,

2) interpeller les gouvernants sur les conséquences économiques liées aux restrictions et incitations fortes d’éviter les rassemblements privés.

Nous comprenions qu’aucun dirigeant n’ait voulu entacher sa responsabilité mais nous avions le devoir de défendre nos intérêts jusqu’au bout.

A cette période, la confusion était telle qu’elle a eu un impact réel sur notre activité. En décembre 2021, les membres du collectif ont perdu entre 50% (séminaire) et 80% (event festif) de leurs réservations*

Quant au 1er trimestre, les demandes se font rares et les CA prévisionnels risquent d’être amputés d’au moins 80% sur janvier et février, avec l’espoir d’un début de reprise en mars, seulement si la tendance des contaminations baisse dans les jours à venir.

La campagne aura au moins permis d’alerter les autorités et de maintenir les aides adéquates pour notre profession.

Quels sont vos constats et projections pour les mois à venir ?

Il est compliqué de se projeter en plein pic épidémique néanmoins on est certain qu’à partir du printemps, l’activité va reprendre de plus belle avec quelques challenges à relever :

 Pénurie de personnels qualifiés : Il faudra être assez agile pour dompter le rythme de plus en plus saccadé de nos activités, associé à un manque de personnel extra particulièrement en restauration – maître d’hôtel, cuisinier etc… – et les reconversions en pagaille. Seuls les hyper passionnés resteront et la valorisation de ces métiers le garantira.

Flambée des prix : Face à l’augmentation de l’énergie, des matières premières et des charges en général, sans parler des loyers qui est un vrai sujet à lui tout seul, on voit flamber toutes les lignes budgétaires, ce qui va impacter les tarifs de nos prestations. On va au devant d’une augmentation généralisée.

Engagement : Une volonté de s’impliquer dans des démarches RSE qui demandent des investissements pour plus de local.

Et de manière générale, il faudra entamer une réflexion sur notre modèle économique à revoir en fonction de ces paramètres.

Les priorités de la CLÉ pour 2022 ?

La situation est inédite, on navigue à vue mais on avance !

La CLÉ travaille beaucoup avec l’inter-filière pour obtenir le soutien permanent du gouvernement.

Le vrai sujet, au-delà des aides, c’est travailler et diffuser une communication p-o-s-i-t-i-v-e.

Des afterworks entre adhérents seront programmés tout au long de l’année pour toujours mieux se connaître et créer des opportunités business ensemble de manière intelligente.

Les projets portés par LA CLE et ses adhérents cette année :

La formation : monter en compétence du personnel en tout point

Le recrutement : possibilité de déposer son profil sur le site internet

La mission transparence : avancer sur les redevances traiteurs ou la relation avec les venue finders

L’innovation via l’organisation de workshops pour s’inspirer

De quoi s’occuper !

*Sondage mené par La Clé auprès de ses adhérents – 2021